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- Comment est né ce projet ?
(GD) J’ai répondu à un appel d’offres que la DAREIC nous avait fait parvenir en 2015 : des établissements de l’État du Victoria en Australie étaient à la recherche de partenaires français. Notre projet a dû leur plaire et nous avons eu la chance d’être choisis par l’établissement Camberwell High School à Melbourne. Fort de l’expérience de nombreux échanges passés, je pensais y aller tout doucement et progresser lentement vers une éventuelle mobilité mais c’est parti sur les chapeaux de roues. Suite à un premier échange par courriel, Isabelle McKensie, adjointe du proviseur à Camberwell, a proposé de venir à notre rencontre lors d’un séjour en France. Lors de cette première rencontre qui s’est très bien passée, nous avons pu échanger sur nos visions de l’éducation, des échanges, de l’ouverture à l’international...
- C’est parti tellement vite qu’il y a déjà eu plusieurs mobilités !
(GD) Tout à fait. En mars 2016, à l’occasion d’un séjour de deux semaines en France, Jill Laughlin, proviseure, et Isabelle McKensie sont venues passer 5 jours à Barentin accompagnées de 15 élèves. Il y a eu alternance de découverte de nos journées scolaires et d’excursions et tout l’établissement a partagé car nous avions notamment veillé à placer un élève australien par classe de seconde. Suite à ce séjour, nous avons signé une convention très complète avec trois volets principaux :
- des mobilités réciproques de 15 élèves et 2 accompagnateurs ;
- la possibilité d’accueillir des élèves pendant une période de six semaines pendant nos hivers respectifs, ce qui a été mis en place dans la foulée ;
- l’envoi de deux enseignants en mission d’observation et d’échanges de pratiques innovantes.
- Vous revenez justement d’un premier déplacement à Camberwell. Qu’y avez-vous appris ?
(GD) Au niveau des élèves, le contact avec les enseignants est très différent. Il n’y a pas la peur de l’erreur, ce qui crée beaucoup moins d’inhibitions. La parole est libérée ! Il est intéressant de noter que les jeunes Australiens avaient été légèrement traumatisés lors de leur séjour à Barentin car nos élèves les reprenaient systématiquement. C’est un axe de réflexion pour nous.
(GM) J’y suis tout-à-fait favorable, cela génèrerait un autre climat et les jeunes qui sont valorisés sont moins en situation d’échec. C’est tout le problème de la pédagogie de l’erreur stigmatisante.
- Envisagez-vous des retombées concrètes sur votre établissement ?
(GD) Avant tout, je tiens à remercier mes collègues d’anglais, mais également les équipes du lycée ainsi que les familles car il y a eu un énorme investissement de tous et toutes pour m’aider à mener cet échange. Un seul exemple : Valérie Badin-Lugand qui s’est souvent levée à l’aube en juin dernier pour régler des problèmes de visas concernant nos élèves qui partaient passer l’été à Melbourne. Seul, je ne pourrais mener un tel projet, c’est un réel travail d’équipe. Pour revenir à la question, une des raisons pour lesquelles j’avais sollicité Bruno Souil, collègue de physique-chimie, pour qu’il m’accompagne à Melbourne est le fait qu’il enseigne une autre matière dans un domaine non littéraire mais également qu’il m’avait indiqué que suite à un déplacement lors d’un échange en Irlande, il avait fait évoluer ses pratiques en classe et changé sa relation aux élèves.
(GM) On a déjà une demande. Les membres du conseil d’administration à qui nous avions présenté le projet m’ont contacté car ils souhaitent un compte-rendu pédagogique et aimeraient tester des choses. Ca a créé un vent de fraîcheur.
(GD) Un premier objectif est qu’à l’image de ce qui se fait à Camberwell, chaque élève ait son ordinateur. C’est une obligation par rapport au marché du travail actuel.
(GM) C’est un projet d’établissement à mettre en place et nous allons commencer par les BTS. Ce n’est pas très compliqué et l’équipe éducative est partante.
(GD) Il y aurait aussi une réflexion à mener sur le travail collaboratif des élèves mais aussi des professeurs, l’évaluation par compétences et les travaux de groupe car ils sont très avancés sur ces dossiers. Ils essaient de prendre en compte l’hétérogénéité et de faire évaluer leurs méthodes d’évaluation. Une autre piste très intéressante est qu’ils permettent à des élèves d’assister à des cours d’université pendant leur scolarité au lycée. Il y a une grande souplesse et flexibilité. Pour revenir aux retombées, j’avais demandé aux quatre élèves partis l’été dernier de réaliser des vidéos en binômes de correspondants sur les différences France/Australie et ces vidéos ont été présentées à nos classes de seconde. On essaie toujours qu’il y ait un rayonnement sur l’ensemble de l’établissement, mais sans jamais rien imposer. Je ne crois pas au systématique mais à la collaboration. Et dans ma pratique en classe, je vais enseigner le collaboratif.
Le mot de la fin du proviseur
Je suis ravi ! Je suis favorable à toute innovation, surtout quand celle-ci va dans le sens de l’efficacité et du bien-être de nos élèves. Il est évident que notre établissement va chercher à tirer le meilleur de cette opportunité qui nous a été offerte. Et je sais que j’ai les équipes pour !
Mise à jour : décembre 2020