Qui était là ?
Lucie Barette, chercheuse au laboratoire “Lettres, Arts du spectacle, Langues romanes” (LASLAR) de l'Université de Caen Normandie, spécialiste de l'histoire du genre dans la langue française et autrice, était l’invitée des rencontres "Grand témoin" du Dôme. L'entrée récente du pronom neutre "iels" et de ses déclinaisons dans "Le Robert" suscitent la polémique et posent une question : à qui appartient la langue française ?
Des élèves du Lycée Dumézil de Vernon (Eure, 27) étaient prêts à relever ce défi créatif.
Que s'est-il passé lors de cette rencontre ?
"L'égalité femme-homme, grande cause du quinquennat" mais "le masculin l'emporte sur le féminin"; "iel", symptôme d'une langue française en "péril mortel"... La langue française n'avait pas connu de débat aussi virulent depuis longtemps.
Des hommes de l'Académie Française, au XVIIe siècle, décident de leur supériorité dans la société et donc dans la langue.
La langue française doit-elle évoluer et refléter l'égalité sociale voulue ? Doit-on revaloriser les règles existantes d'une langue française ou en créer de nouvelles ?
L'atelier
Une fois les bases posées, Lucie Barette, chercheuse au laboratoire “Lettres, Arts du spectacle, Langues romanes” (LASLAR) de l'Université de Caen Normandie propose un exercice réflexif à ces jeunes.
Un questionnaire a été donné en amont au deux classes du lycée, les interrogeant sur des règles d’accords, leurs origines et leurs métiers futurs. Après avoir écouté la chercheuse, notamment pour avoir de la matière sur laquelle réfléchir, les élèves ont participé à 3 ateliers :
"Le garçon et les fleurs sont belles."
Les élèves ont suggéré l’accord de majorité, c'est à dire accorder à partir du groupe majoritaire (par exemple : le garçon et les fleurs sont belles).
Les élèves ont encore discuté de la majuscule au mot "Homme" pour définir un générique, alors le mot "Femme" doit présenter une majuscule aussi. Tout le monde s'est accordé à dire que plus de mots neutres devraient être créés.
Concernant l’Académie française, les propositions des élèves vont dans le sens d'avoir plus de spécialistes de la langue française dans ses rangs. Selon les élèves, les Académicien·nes nouvelle formule, devront être plus à l'écoute de la langue.
Pourquoi ne pas remplacer "lycéen·ne" par lycénnaire, un mot non genré ?!
Dans le second atelier, la consigne portait sur la création de noms de métiers non genrés et la modification des métiers existants. Les élèves proposent des changements pour des mots comme lycénnaire, pompère, autaire, froeurs, joallix (au pluriel); pompiu (singulier) et ils imaginent une nouvelle fin comme ajouter « ult » ou « iel » : on retrouve donc youtubult / influençult, pompiel et médeciel
Inventer une touche spéciale pour faire un point médian.
Enfin, dans le dernier atelier, la réflexion se portait sur l'évolution des outils technologiques afin d'améliorer leur inclusivité. Les élèves ont proposé un clavier qui permet d’accéder facilement à des glyphes non binaires, à des emojis neutres, à une touche spéciale pour le point médian associée à des propositions de mots.
D’autres idées seraient de faire évoluer le vocal.
Enfin parmi les réflexions, les élèves évoquent l’importance de la neutralité des sites/pub et d’autres se demandent si parler anglais ne résoudrait pas une partie du problème, car le genre dans la construction des phrases n’existe pas.
Cette rencontre a été organisée par Le Dôme et le Rectorat de la région académique de Normandie, avec le soutien de la Région Normandie, dans le cadre des rencontres "Grand témoin".
Contact
Si vous souhaitez plus d'informations, vous pouvez retrouver l'article complet, il faut contacter Virginie Klauser du Dome.
Mise à jour : mai 2022