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Tous les portraits :
- Stéphanie Thibaud Voisin, 43 ans, professeur d'éducation physique et sportive
- Duncan Lamy, 26 ans, nouveau professeur des écoles à l’école de Bosrobert dans l’Eure
Je souhaite que mon témoignage puisse aider des personnels à sauter le pas
Stéphanie Thibaud Voisin, 43 ans, professeur d'éducation physique et sportive
Mon parcours était tout tracé : depuis l'âge de 12 ans, je voulais devenir professeure d'EPS, le métier de mes rêves.
Un accident au genou quelques temps avant le passage du bac et l'incapacité de pratiquer du sport durant 2 ans, a brisé mon projet d'étudier en STAPS.
Je suis entrée à l'Éducation nationale, il y a 20 ans, en commençant en tant que surveillante dans un établissement scolaire. En parallèle, j'ai entamé des études de biologie, intéressantes mais pas faites pour moi. Durant cette année, dans ce poste de surveillance, j'ai eu l'occasion d'échanger et de découvrir le métier de CPE grâce à une personne très impliqué. La relation avec les élèves m'a fait penser au métier de professeure d'EPS, ce qui m'a décidé à passer le concours de CPE. Mon premier poste était à Lille, en mi-temps à l'IUFM de Douai puis j'ai poursuivi avec un passage en région parisienne à Mantes-la-Jolie durant 3 années prenantes mais très formatrices, pleines de surprises, entourée d'une très bonne équipe.
En demandant une disponibilité pour suivre mon conjoint, j'ai découvert qu'un poste de CPE était disponible au Theil sur vigne dans l'Orne. Les premières années de mon métier de CPE ont été passionnantes et j'étais motivée mais au fur et mesure du temps, le changement de population, le rythme plus calme m'ont fait comprendre que je ne serai pas CPE toute ma vie.
Après 12 ans à ce poste, je pense avoir fait le tour, j'ai perdu la finalité du métier car je ne pouvais pas me consacrer à tous les élèves. Mes journées étaient remplies de problèmes à résoudre et je m'occupais uniquement de 10% des élèves de mon établissement.
Et surtout, je n'avais jamais fait mon deuil du métier d'enseignant EPS.
Il y a deux ans, à l'aube de mes 40 ans, j'ai pensé "c'est maintenant au jamais. Il faut faire le grand saut". Je me suis documentée, j'ai contacté une conseillère mobilité carrière au rectorat qui m'a accompagné. Nous avons trouvé une formation qui convenait à ma situation personnelle et professionnelle. J'ai saisi l'opportunité d'un détachement avec des critères à remplir pour devenir professeur d'EPS notamment avoir une licence STAPS (3ème année uniquement), le brevet de sauvetage aquatique et la formation PSC1.
Et en septembre 2020, me voilà de retour sur les bancs de la fac de l'université du Maine, fac de ma jeunesse, 15 ans après. C'est à la fois courageux et fou, je suis en plein doute. Il a fallu reprendre le rythme des études et du sport, mes débuts ont été difficiles... avec des courbatures ! Mais je n'ai jamais eu de regret, et ces deux années sont été épanouissantes. Le soutien de ma famille et de mes proches m'a permis de bien vivre les sacrifices et les contraintes de cette décision aussi courageuse que folle.
Une fois la licence acquise, j'ai débuté un mi-temps au lycée Mézeray Gabriel à Argentan avec des élèves en voie pro : lundi, mardi, mercredi et l'autre moitié du temps le jeudi et le vendredi à INSPE de Caen. Une année sur la route avec de longs trajets tous les jours, 1300 km par semaine.
La formation à l'INSPE a été très enrichissante humainement et professionnellement parlant. Je me suis sentie soutenue dans ma réorientation.
Et alors qu'une inspectrice a émis un avis favorable pour mon intégration dans le corps enseignant en EPS, j'ai su la semaine dernière que j'étais mutée au collège Longny les Villages dans l'Orne.
Je suis très heureuse, motivée et convaincue que le sport apporte des bienfaits nécessaires à l'apprentissage des élèves. Il y a du travail ! De nombreux élèves ne pratiquent jamais de sport, ont déjà une mauvaise habitude de vie : sédentarité et malnutrition. Les jeunes me demandent s'il est normal de sentir son cœur qui tape dans la poitrine après une course, ressentir des douleurs ou encore des courbatures. Ils n'ont pas la connaissance de leur corps, mon message est "c'est une machine à entretenir et connaître.
Mes missions au quotidien sont de faire prendre conscience aux jeunes que le sport est indispensable pour être en bonne santé. Mettre en place des cours qui donnent envie et changent des pratiques fédérales. Je ne créée pas de champions ! Mais je souhaite qu'ils soient champions d'eux-mêmes, qu'ils aient le goût de l'effort et de l'estime d'eux, qu'ils puissent se dépasser. Valoriser son soi par le sport. Le plus important, créer des valeurs sociales : la solidarité, l'entraide et le respect de l'autre.
Le rôle éducatif est une des valeurs communes entre enseignant et CPE.
L'une de mes satisfactions, c'est la joie de mes élèves qui n'étaient pas motivés, fatigués en début de cours, qui ont tenu bon et qui sortent ravis de leur séance, avec le sourire, boostés avec l'envie de revenir pour faire encore mieux. Des élèves qui s'entraident pour se dépasser alors qu'en classe ils ne s'entendent pas particulièrement. Des petites victoires qui me font dire que j'ai bien fait de changer de métier. J'apprécie le lien exceptionnel que nous pouvons tisser entre élèves et professeur d'EPS, un lien si particulier.
Je ne regrette pas mon choix. Malgré les sacrifices, les efforts ont payés. C'est une réelle satisfaction professionnelle et personnelle, un rêve qui se réalise. Je souhaite que mon témoignage puisse aider des personnels à sauter le pas. N'ayez pas peur de changer. Tant que l'on se donne les moyens, il ne faut plus hésiter. Ne pas rester dans un métier qui ne motive plus, qui ne donne plus de satisfaction. Surtout au contact de jeunes, en prenant plaisir à aller travailler, c'est leur donner l'envie et la motivation de réussir.
Une revanche sur mon parcours scolaire
Duncan Lamy, 26 ans, nouveau professeur des écoles à l’école de Bosrobert dans l’Eure
Je peux dire que c’est une revanche sur mon parcours scolaire.
Je suis actuellement professeur de grande section à l’école de Bosrobert dans l’Eure. J’ai été appelé sur liste complémentaire en février 2022 suite à mon concours passé à Rouen. Mon stage de formation débutera en septembre.
Le métier d’enseignant est venu assez tard dans mon parcours. Je l’avoue avant le bac, je n’étais pas un élève modèle : fainéant, fatigué, n’ayant pas toujours de bons rapports avec les professeurs. Je ne garde pas un très bon souvenir de mon parcours scolaire. Ce qui est drôle maintenant puisque je suis devenu professeur…
J’ai tout de même passé mon bac technologique STI2D puis une licence en STAPS pour devenir professeur d’EPS simplement parce que j’aimais le sport. En 2ème année de licence, j’ai commencé à réellement travailler… et à me poser la question de savoir ce que je voulais vraiment faire dans la vie. J’ai fait le point par rapport à mes expériences, mon vécu : ma mère est nourrice, j’ai toujours été au contact d’enfants. En STAPS, les stages avec les élèves m’ont agréablement surpris, j’avais le sentiment d’être utile, de leur apporter quelque chose. Après avoir obtenu ma licence, j’ai véritablement eu le déclic pour le métier de professeur. Ma deuxième demande de Master a été acceptée et les stages en école ont confirmé que j’étais sur la bonne voie.
Je peux dire que c’est une revanche sur mon parcours scolaire.
Je souhaite être un professeur bienveillant, motivant avec mes élèves, leurs montrer qu’ils sont capables. En grande section, nous préparons la rentrée en CP, certains élèves pleurent lorsqu’ils ratent un exercice en début d’année… Je suis là au quotidien pour les rassurer et éviter ce stress qui ne doit pas exister à ce niveau.
Durant l’année, j’ai élaboré beaucoup d’activités basées sur l’écriture, les mathématiques et la phonologie …
Pour l’année prochaine, je souhaite être encore plus à l’aise avec les parents, j’espère créer une relation positive avec eux, les aider à faire grandir leurs enfants. Je priorise les liens entre élèves-professeur et professeur-parents dans le but que mes élèves soient heureux de venir à l’école, souriants et dans la confiance pour apprendre et réussir.
J’ai trouvé ma voie. j’apprends tous les jours moi aussi. Chaque journée est différente, cela me plaît beaucoup.
Mise à jour : juillet 2022